III. EUROPENSES

III. EUROPENSES | SYMBOLE DES EUROPÉENS

Le nom de l’Europe
Europa est issu du doublet d’un mot grec eurōpē, à l’étymologie transparente : « au-large-regard », épithète qui a des correspondants dans la langue poétique de nombreux peuples européens. Le sens de ce mot est « dont le regard porte au loin ». Dans le mythe, Europe enlevée par Zeus figure la puissance universelle, en particulier celle de la terre nourricière et maternelle, tandis que le dieu du ciel diurne en est le complémentaire. Leur union a lieu sous l’arbre qui est l'axe du monde. Le large regard d’Europe, « qui porte au loin », répond aux grands yeux de la déesse néolithique souvent représentée sur divers supports (par exemple à Los Millares, comme l’indique J. Briard, L’Âge du Bronze en Europe, Paris, 1997, p.16), et aux deux astres, Soleil et Lune, qui résument les deux moitiés, jour et nuit, été et hiver, des cycles naturels et sont comme les deux yeux de l’univers.

La représentation de l'Europe
À partir de ces données, on établit un emblème qui réunit l’arbre à neuf branches et le soleil et la lune, comme il est de règle dans d’innombrables œuvres de l’art populaire.
Signalons à ce sujet que le géographe Kai-Helge Wirth, en accord avec une hypothèse d'Isaac Newton, a reconnu dans le système de coordonnées stellaires du zodiaque antique une « carte céleste » des courants marins, d’élaboration pré- et protohistorique. L’Europe y est définie par les constellations d’Ursa Major au nord-est, d’Héraklès et du Dragon au nord-ouest, de Corona et du Scorpion à l’ouest, du Lion et de la Vierge (à l’Épi) au sud (Ursprung des Sternbilder, ein prähistorisches Navigationssystem, s. l., sept. 2000).Plusieurs institutions ont adopté (1955, 1986) un drapeau bleu à douze étoiles de cinq rais placées en cercle. Ce symbolisme peut contenter la plupart des utilisateurs et déborde le cadre de l’institution politique pour servir de référence à tout le continent. Le vide central de ce drapeau appelle un complément. Ce qui précède fournit une réponse : l’Europe devrait adopter la croix ou l’arbre, fréquents dans ses cultures dès le Paléolithique supérieur et le Mésolithique.

L'emblème floral des Européens
Beaucoup de peuples ont une fleur ou une plante emblématique. Pour les Européens Ph. Jouët a proposé la dryade à huit pétales, Dryas octopetala, une rosacée blanche au cœur d'or, dite mountain avens, chênette, Alpine tea, weiße Silberwurz, té dels Pireneos, derrig, leaithínn, rožu dzimta, lapinvuokko, etc. (déjà symboliquement associée à deux territoires septentrionaux d'Europe et d'Amérique septentrionale). Le nom dryas désigne les nymphes des chênes des conceptions grecques et s'applique aux oscillations climatiques du Tardiglaciaire, le Dryas. Le dryas à huit pétales fut la première plante à fleurs à recoloniser les régions libérées des glaces, marquant ainsi la fin du grand hiver effectif et mythique.

 

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