VIEUX CHEMIN

Vieux chemin, aujourd’hui,
je te redonne la vie. Enfin, je le pense.

Vieux chemin, aujourd’hui, je scelle mon destin
au tien. Je le veux.

Vieux chemin, aujourd’hui, je pense aux générations passées,
oubliées, dénigrées parfois qui t’ont créé, par des milliers
d’empreintes de sabots, faits à la main, par des milliers
de traces de roues de charettes.
Si tu pouvais parler… Combien je serais riche de souvenirs.

Vieux chemin, aujourd’hui, je ne marche plus en sabots, mais
j’ai juré de te redonner la vie, parce que tu es la vie, et
parce que trop de gens t’oublient.

Voilà, je l’ai crié. Le vent emporte mon cri. Je te sens vibrer
sous mes pas. Vieux chemin, mon ami, je suis trop présomptueux,
je t’imagine sourire, mais je te devine heureux. Je ne te redonne
pas la vie, c’est vrai : tu ne l’as jamais perdue. Pardonne-moi,
c’est moi qui la perdais, c’est nous qui la perdions.

Merci vieux chemin d’exister. Faisons route ensemble, veux-tu ?
Le plus souvent possible.

DECKERS Pierre
Fait à Vogenée, ce 13.12.1989